Merci mon très cher Voyou !

Voyou, Poney (d’amour) Dartmoor 36 ans

A Cesset / Fourilles ce 25 Janvier MMXXII

Merci mon très cher Voyou de m’avoir offert tes derniers moments de bien-être avant de partir !

Les yeux humides, en y repensant, je reste avec l’image de toi te promenant à mes côtés au soleil d’hiver dans l’herbe rase du Bourbonnais.

Tu avais été au plus mal quelques heures auparavant et le judicieux traitement que ton dernier Docteur-Vétérinaire t’a  appliqué t’a permis de passer, calme et apaisé cette dernière journée de vieillard débonnaire.

La Font Viverot Le 24 Janvier MMXXII

Merci mon très cher Voyou pour avoir mis mes enfants à cheval, grâce à toi, ils ont eu une carrière équestre plus qu’honorable. Tu fus le complice de leur jeunesse en particulier, celle de mon fils aîné. Tous les quatre t’ont toujours aimé et choyé et tu le leur rendais bien

Merci mon très cher Voyou pour avoir mis mes petits-enfants à cheval. Jusqu’à ce que, à un âge canonique, tu ne puisses plus les porter. Ce fut toi qui leur fis faire leurs premiers pas, leur premier trot, leur premier galop, leur premier saut d’obstacles, leur premier mouvement de voltige. La tradition familiale voulait que, dès son arrivé de la maternité, le nouveau-né fut placé sur ton dos pour ses premiers pas. Mes petites-filles sont devenues, grâce à toi, « dingues de cheval » ! Et je te dois cela ; prolonger pour au moins deux générations encore cet amour du cheval qui tient ma famille depuis des siècles.

1985, tu nais sur la terre de mon enfance et de mes premières armes équestres, en Normandie, à Gamaches en Vexin. Poulain Dartmoor, tu galopais au côté de ta mère dans les grandes plaines du Vexin-Normand là où 25 ans plus tôt, enfant je galopais sur le dos de ta grand-mère ou de ta grand-tante !

Très vite, à peine sevré des mamelles de ta mère, tu nous rejoins pour consoler un peu mon fils Pierre de la perte de sa jument, ta demi-sœur, Ophélie. Très vite tu deviens son complice. Petit poulain-poney-étalon, tu restes trois bonnes années à attendre ton débourrage en faisant les pires sottises dans les prairies de la vallée de l’Eure, mais aussi à te faire user le poil par les pansages abusifs des enfants qui t’adoraient ou te faire monter en cachette par les garnements du club.

Tu accompagnes la vie équestre de mes enfants mais aussi tu surveilles bien souvent goguenard leur scolarité au collège équestre. Tu es de toutes les sorties, tu es de tous les jeux, de toutes les recréations.

Je ne parviens pas à remettre la main sur cette magnifique photo où l’on te voit, en 1990 ou 91, luisant comme un saphir noir étoilé galopant dans un tourbillon de neige poudreuse ! C’était dans les grandes allées de la forêt domaniale de Bord, tu écrasais par ton charisme les autres chevaux du collège pourtant plus grands que toi et mon fils sur ton dos se prenait pour un preux chevalier.

Tu n’avais qu’un seul défaut : tu faisais des bébés partout ! De toutes les couleurs, à toutes les juments qui passaient, les petites, les grandes, les grosses, rien ne t’arrêtait. Il faut dire, et je n’en suis pas dupe, que les élèves du collège devaient bien favoriser en douce, mais avec ton consentement empressé, tes rapprochements affectifs avec la jumenterie. Au club, les bébés « du Voyou » il y en avait dans tous les coins !

Tu nous as suivi partout. En Normandie, en Anjou, en Bourbonnais… 36 ans de vie commune, les enfants t’ont toujours vu à la maison, tu faisais partie de nous et rien ne se faisais dans la famille sans prendre en considération notre Voyou. Et, ces 10 dernières années, après que tu aies dépassé tes 26 ans, le  « comment va Voyou ? » était de règle à chaque rendez-vous familial. Marie et Michael t’ont choyé quand ils t’ont récupéré et nous leur devons le confort de vie qu’ils t’ont offert dans leur petit paradis, dans cette écurie que j’ai construite pour toi où ton boxe restera le box de Voyou.

 Des milliers d’élèves et de stagiaires des écoles d’équitation où tu nous as accompagné t’ont connu, le Vaudreuil, Louviers, Savennières, La Possonnière et peut-être même Saint Didier Laforêt. Tous t’ont aimé, certains t’ont monté aussi. Ils étaient très fiers de partager ces moments de bonheur avec ce fier petit étalon au regard malicieux et pourtant si doux.

Merci mon très cher Voyou, et comme le temps n’a plus d’importance pour toi, attends-moi de l’autre côté de la porte, nous poursuivront ensemble notre chemin quand mon heure sera venue ! Je t’aime !

La Font Viverot le 24 Janvier MMXXII

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